Hoy mis labios se pronuncian,
rompen un silencio soterrado por la indiferencia
y la incertidumbre nefasta de la crueldad que nos ha tatuado la historia.
Estoy aquí, habito esta piel un poco clara,
me deslizo por los recovecos de la memoria social plagada de raíces.
¡Es doloroso!
¿Sabes Redoshi?
Te imagino iniciando tu pubertad, corriendo con Libis, en tu aldea, libre,
plantando huellas en tu tierra, tu África, mi África origen.
El despiadado sicofante señaló la ruta hasta ti,
y la razia segó la vida de tu padre;
el dolor deshizo la mujer que te parió y la semblanza no pudo nombrarla.
Arrancada fuiste de tus paisajes y tus raigones. Por unas monedas te lanzaron
hasta la oscurecida cala,
donde las cadenas y grilletes rasgaban las carnes,
un bostezo del averno se confundía con llantos, lamentos, dolor, desarraigo e ignominia.
El Clotilda soltó amarras y rompió tu cordón umbilical,
navegó sobre las olas que brotaron saladas de las pupilas azules de Yemanyá.
Las noches y los días fueron incoloros en la eslora,
la sed reinaba sobre los cuerpos desnudos de harapos, sueños y fantasías.
Una larga travesía hacia lo ignoto martilleaba sobre los ojos desorbitados en las tinieblas, la sangre galopaba con furia in crescendo,
el óbito respiraba en el cuello y cojeaba la esperanza.
Han pasado tantas lunas, soles, páginas… Hoy soy tu voz, tu grito, tu espalda
marcada por los látigos que te infligía una mano igual a la tuya y a la mía.
Hoy, Redoshi, la sima fangosa del mar escupió las pruebas carbonizadas del engaño vil,
emergen pecios bautizados con tu nombre, el de Lewis y el de miles de hermanos ahora espectros que reclaman justicia por la barbarie.
À MEMORIAM, REDOSHI
Aujourd’hui mes lèvres sont prononcées
brisent un silence enterré par l’indifférence
et la terrible incertitude néfaste de la cruauté que l’histoire nous a tatouée.
Je suis là, j’habite cette peau un peu claire,
Je glisse à travers les recoins de la mémoire sociale infecté des racines.
C’est douloureux !
Sais-tu Redoshi?
Je t’imagine entrant dans ta puberté, courant avec Libis, dans ton village, libre,
plantant des empreintes de pas dans votre terre, votre Afrique, mon origine Afrique.
Le sycophante impitoyable vous a montré le chemin,
et le razzia a aveuglée la vie de ton père;
la douleur a détruit la femme que t’a donné naissance et le semblant ne pouvait pas la nommer.
T’as été arraché à tes paysages et à tes racines. Pour quelques pièces ils t’ont jeté
à la crique sombre,
où les chaînes et les fers déchiraient la chair,
un bâillement d’enfer était confondu avec les pleurs, les lamentations, la douleur, le déracinement et l’ignominie.
Le Clotilde a délié et cassé votre cordon ombilical,
Il naviguait sur les vagues qui poussaient salés des pupilles bleues de Yemanyá.
Les nuits et les jours étaient incolores de longueur,
la soif régnait sur les corps nus de haillons, de rêves et de fantasmes.
Une longue traverse vers l’inconnu martelé les yeux écarquillés dans l’obscurité, le sang galopait furieuse en crescendo,
la mort souffla dans le cou et l’espoir boita.
Tant de lunes, de soleils, de pages ont passé … Aujourd’hui je suis ta voix, ton cri, ton dos
marqué par les fouets que t’inflige une main égale à la tienne et à la mienne.
Aujourd’hui, Redoshi, le gouffre boueux de la mer a craché les preuves calcinées d’une vile tromperie,
des épaves émergent baptisées de ton nom, celui de Lewis et celui de milliers de frères désormais fantômes qui réclament justice pour la barbarie.
Traduction Cristina Labat